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Interview de Vanessa Terral

gallman Bonjour, peux-tu te présenter ?

Bonjour ! Je suis une jeune auteure de fantastique, mais plus tout à fait : cela fait maintenant cinq ans que mes textes courts sont édités. Toutefois, L’Aube de la Guerrière est mon premier roman. Je suis aussi passionnée par les mythologies, les légendes venues d’un peu partout. Je trouve fascinants les concepts et les symboles qui y résonnent, cette mémoire vivante de l’Humanité entière, dans ses différences comme dans ce qui la relie. Je pratique le conte et m’intéresse à des disciplines de bien-être : la lithothérapie, le Reiki, les voyages chamaniques…
Sinon, j’ai grandi en Provence et passé quelques années en région parisienne – et plusieurs étés dans les environs de Laon, où se déroule une bonne part de mon roman. Actuellement, je vis à Toulouse.
Enfin, les thés, les tisanes et les plantes en infusion me passionnent. J’ai été une grande fan de comics et de mangas et j’en garde des séquelles. Et en général, quand je n’écris pas, je lis !

Tu as publié une cinquantaine de nouvelles et L’Aube de la Guerrière est, nous l’avons vu, ton premier roman. Est-ce dur de passer d’un format court à un format plus conséquent ?


Dans mon cas, c’est venu assez naturellement. En fait, je m’aventure petit à petit dans l’écriture. J’ai d’abord voulu maîtriser les formes courtes –les nouvelles, mais aussi certains genres de poèmes–, puis je suis passée aux one shot et, dans quelques années, j’attaquerai les séries, lorsque je me sentirai capable d’en maîtriser la narration et la construction. En revanche, ça demande quand même plus d’implication: on passe bien davantage de temps en compagnie de ses personnages, à développer l’histoire, aussi faut-il vraiment les aimer afin de trouver en eux et par eux la force de passer des mois sur un seul récit, alors que j’ai tant d’histoires à raconter, de mondes à partager !

Comment l’idée de ce roman t’est-elle venue ?


Tout a commencé avec un rêve. Celui-ci est à présent une scène du roman. L’émotion à l’évocation de ce souvenir était vivace, et l’est restée durant des semaines. Je me suis demandé qui était cette fille et les deux gars, des frères d’armes de la faction ennemie. Pourquoi se trouvait-elle à taper à la porte de leur chambre d’hôtel ? Quel était cet adversaire si ignoble que toute querelle cessa immédiatement à l’annonce de son apparition sur Terre –et qui avait persuadé les ennemis de combattre côté à côte ? Je commençais tout juste à développer l’univers et le scénario quand les éditions du Chat noir ont lancé un appel à roman pour septembre 2012. Cela me laissait un peu plus d’un an pour écrire cette histoire. Du coup, je me suis dépêchée de finaliser le fonctionnement du monde, les forces en présence… J’avais décidé que les deux hommes du rêve, que je ressentais comme «ténébreux», seraient des démons. En fac, j’avais mis de côté une idée soufflée par un cours du module de décryptage de l’image, qui mettait en rapport le symbolon et le diabolos. Ce projet m’offrait l’opportunité de l’utiliser. J’ai envoyé un synopsis, un texte de présentation et il a été retenu. D’ailleurs, je remercie de tout cœur le comité de lecture du Chat noir pour m’avoir donné cette chance!

La fin est assez ouverte. Comptes-tu écrire d’autres livres dans cet univers ?


Il est vrai que la vie des personnages ne se termine pas avec le mot «Fin». La romance a pour principe de conclure l’histoire au moment où les héros ne pourraient pas être plus heureux –ce qui, à mes yeux, est un crime vis-à-vis du contrat de vraisemblance entre l’auteur et ses lecteurs, mais dont je comprends la nécessité en ce que la romance se rapproche du conte par plusieurs aspects. À l’inverse, je considère que ce roman est une tranche parmi les plus intéressantes de leur existence, mais que celle-ci se poursuit bien après. Nos actes portent en eux leurs conséquences et cela vaut aussi pour Solange, Aghilas et Terrence –qu’il s’agisse des fais narrés dans L’Aube de la Guerrière ou de ceux qui se dérouleront, au pif, quarante ans après.
À la base, les éditions du Chat noir ont lancé un appel à one shot, c’est-à-dire «une histoire en un livre». Une suite n’est pas prévue à l’heure actuelle. Toutefois, on peut déjà retrouver l’un des personnages secondaires dans une nouvelle spin-off : Helena, l’ange au tournesol. Elle apparaît dans l’anthologie Saisons païennes, également aux éditions du Chat noir et disponible en prévente en ce moment. Quant au reste… J’ai encore plusieurs projets dans des univers différents, bien qu’il s’agisse toujours d’urban fantasy. Je vais d’abord les écrire et je verrai ensuite !

Quels sont tes auteurs préférés en général; et en bit-lit, qu’aimes-tu ?

Il y a ceux que je considère comme des maîtres, chacun dans leur genre et pour des raisons différentes : Neil Gaiman, H.P. Lovecraft et Pierre Dubois. Je suis aussi une fan convaincue de Patricia Briggs, autant pour ses récits de bit-lit que de fantasy. Ensuite, je lis toujours avec plaisir les œuvres de Nathalie Dau, Jacques Fuentealba, Anthony Boulanger, Sophie Dabat, Cécile Guillot et Ambre Dubois –les premiers noms qui me viennent à l’esprit. J’ai eu ma période Anne Rice et Poppy Z. Brite, mon adolescence Zelaznienne, la Potter-attitude… J’aime aussi beaucoup ce que fait la mangaka Ebine Yamaji, même s’il ne s’agit pas d’une romancière, et j’ai apprécié les premiers romans de Sarah Waters. Il y a tellement d’œuvres, tellement de mondes et de sensibilités captivants !
En bit-lit, je préfère quand même les récits d’urban fantasy plutôt que ceux issus de la paranomal romance. Je suis de la première génération : celle qui s’est engagée dans le mouvement dès sa naissance avec les séries Mercy Thompson, Anita Blake, la regrettée Kate Daniels, Les Sœurs de la Lune, Jaz Parks… Les livres de Patricia Briggs sont pour moi une référence, comme ceux d’Ilona Andrews, et je continue avec beaucoup de plaisir la série de Yasmine Galenorn. À celles-ci se sont ajoutés Succubus, Cassandra Palmer et Les Soupirs de Londres. On m’a dit beaucoup de bien du Sang du rock, qu’il faut que j’essaie, de même que de Kara Gillian car l’auteur m’intrigue. Là, je suis en train de découvrir Bad Moon Rising, de Marika Gallman, qui débute en roman feuilleton numérique aux éditions du Petit Caveau et j’ai hâte de voir comment ça va se développer !
De manière générale, j’ai besoin qu’un récit possède une réelle profondeur, avec un bon background et une vraie implication de l’auteur dans l’univers pour être convaincue par lui.

La bit-lit est un genre de plus en plus représenté. Qu’en penses-tu ?


Que cela ne favorise pas la profondeur dont je viens de parler ! Au départ, il n’y avait pas beaucoup d’œuvres issues de la paranomal romance, dans lesquelles les créatures ne sont guère que des caractéristiques exotiques destinées à doper l’excitation du lectorat. Certes, je parle ici d’une généralité –présentée crûment qui plus est, donc forcément exagérée–, mais la plupart du temps, on en reste aux deux, trois ficelles connues de tous et l’on ne va pas chercher plus loin. Les auteurs atténuent même la sauvagerie et l’horreur de ceux qui, à la base, sont des monstres issus de notre folklore et des contes de veillées.
Mais bon, la bit-lit est devenue une très grosse machine marketing et comme le nombre de ces séries publié augmente de plus en plus, il est normal que le pourcentage de titres faibles grandisse aussi. Le genre est tout de même assez restreint et les bonnes séries ne se trouvent pas au kilomètre. D’ailleurs, Milady propose dans la catégorie «bit-lit» de son site des œuvres qui ne répondent pas aux codes que la maison à elle-même inventés, si l’on se base sur ses premières publications présentées comme telles. Les Dossiers Dresden ont pour héros un homme; Alpha & Omega, de son côté, est narré à la troisième personne alors que les romans bit-lit ont été catégorisés comme des récits à la première personne.
Toutefois, je dois reconnaître que globalement, je suis heureuse de cet engouement, car cela a permis à d’autres bonnes séries de parvenir jusqu’à nous et à des auteurs francophones de se lancer dans ce sous-genre.

As-tu d’autres romans en préparation ?

Tout à fait! Celui sur lequel je travaille en ce moment se passe à Paris. Il parle d’un Clairvoyant, un humain qui parvient à voir à travers la Brume qui sépare le commun des mortels des créatures surnaturelles. Le héros a été enlevé petit par les fées et se retrouve projeté cent cinquante ans plus tard dans notre monde.
L’autre roman, pour un peu plus tard, met en scène des vampires sur la Côté d’Azur. Je vous rassure : ils ne sortent pas au soleil ! Celui-ci sera de nouveau de la bit-lit, mais les personnages ne voyageront pas à travers les plans… Enfin, pas trop.
Sinon, je prépare la potentielle sortie numérique d’un petit roman, plutôt une novella en fait. Encore de la bit-lit avec des vampires, mais dans une optique qui, j’espère, saura se montrer originale tout en rendant hommage aux croyances originelles liées à ces créatures.

Un dernier commentaire ?

Eh bien… Je peux toujours glisser nonchalamment que Dieu a le sens de l’humour et qu’il suffit de regarder l’ornithorynque pour s’en convaincre. Toutefois, je crois que je resterai sur : «La Mort n’est que le commencement.»
Merci beaucoup au Fantastique au Féminin de m’avoir accordé cet espace de parole ; merci pour votre soutien !
Et puis, pour le coup, je souhaite aussi remercier Rhi-Peann du blog Le Livre Monde (http://livre-monde.com), qui m’a gentiment initiée aux codes de la romance il y a peu et qui se démène pour les petites maisons et les jeunes auteurs français !