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Interview de Marika Gallman

gallmanBonjour, peux-tu te présenter ?

Bonjour ! Eh bien je m’appelle Marika, j’ai bientôt 28 ans, et j’ai grandi au bord du lac Léman, en Suisse. Et j’écris un peu, sinon je ne serais pas là à me demander quoi répondre d’intelligent à cette question ;)

Ton premier roman Rage de dents vient de sortir aux éditions du Petit Caveau, comment t'est venue l'idée de cette série ?

Ah la vilaine question ! Vous voulez la version courte ou la complète ?

Bon, en gros, il y a presque 2 ans et demi, j’avais un job à temps partiel dans un resto, et une jeune collègue de 14 printemps me parlait du livre trop génial qu’il fallait absolument que je lise. Le lendemain, elle m’amenait Twilight. Le jour suivant, je le lui rendais. Sans rentrer dans les détails, on va dire que ce n’est pas mon genre de lecture… Quelques jours plus tard, je m’asseyais à mon ordinateur en me posant une simple question : si j’écrivais une histoire de vampires, à quoi ça ressemblerait ? Et c’est comme ça que Maeve est née. Elle a débarqué avec ses gros souliers et m’a lancé « Alors écoute, ma grande, ça va se passer comme ça. Et pas autrement. Compris ? »

Avant elle, je n’écrivais que des polars, des thrillers avec un pied dans le fantastique, mais qui n’y versaient jamais totalement. Un peu de Fantasy aussi, étant ado. Mais Maeve… c’était une toute nouvelle aventure, un virage à 180°, et pour être honnête, je me suis amusée comme une folle !


As-tu eu du mal à la faire publier ?

Même pas… J’ai passé 10 ans à me préparer moralement aux tonnes de refus que j’allais essuyer le jour où j’enverrais un manuscrit. Ado, je disais à mes proches « M’en fous. J’aurai 9'999 refus. Mais le 10’000ème, ce sera le bon ! »

Quand j’ai commencé à regarder où envoyer mon manuscrit, j’ai eu un coup de cœur pour le Caveau. J’ai envoyé à plusieurs maisons en me disant que j’attendais leur réponse pour prendre une décision… Au final, la seule réponse négative que j’ai eue, c’était après avoir signé chez eux, alors je l’ai bien pris ;)


Maeve est assez grande gueule, aime se battre et boire de l'alcool... quelle part de toi-même as-tu mis dans ton personnage ?

Sans une seconde d’hésitation : la grande gueule ! Sinon je vous promets, je ne me bats pas, et après 2 verres d’alcool fort, je roule sous la table comme une jeune fille respectable.

Mais c’est clair qu’on me dit souvent que Maeve me ressemble. Je réponds oui avec un sourire forcé, et je ne sais pas à quel point c’est vrai. On a les deux un sale caractère, mais pas tout à fait du même genre. Elle, elle est bien pire ! Et dans notre tandem, c’est elle qui commande, moi j’obéis et je la ferme. Même si souvent, devant certaines de ses sorties, je lui dis « Mais non, tu peux pas dire ça, déconne pas, ça se fait pas ! T’imagines ce que les gens vont penser ? » Elle s’en fiche. Elle n’a pas peur du qu’en dira-t-on. Moi oui ;)


Quelles ont été tes inspirations pour créer le personnage de Lukas ?

Ah… Lukas ! Je crois que je ne peux pas répondre à cette question pour des raisons pratiques. Si je vous dis à qui j’ai pensé en le créant, ça va s’imprimer et vous le trouverez sûrement moins séduisant ! Mais disons qu’il est parti d’une personne de chair et de sang pour évoluer jusqu’à un concept. Quand je l’écris, je ne vois pas son visage clairement comme je vois ceux des autres protagonistes. Je vois son charisme, je le sens, je le comprends. D’ailleurs, je pense que Lukas me ressemble bien plus que Maeve, si on laisse de côté l’aspect physique. Un certain détachement impliqué, une rage calme, des espoirs résolus, mais cette envie d’y croire encore, et de se battre jusqu’à la mort pour se venger. C’est aussi et de loin le personnage qui me touche le plus. Comme Maeve, il est très sensible et le cache sous son arrogance. Pour ça, ces deux se sont bien trouvés ! Sauf qu’à la différence de madame, des raisons pratiques l’ont poussé à devenir le vampire qu’on rencontre dans Rage de Dents, et au risque de sonner vraiment schizophrène, j’ai lâché une larme quand il m’a raconté toute son histoire. Là où Maeve veut se venger de la vie parce qu’elle n’a pas eu le choix d’être ce qu’elle est, Lukas a choisi de devenir ce qu’il est pour pouvoir se venger de la vie. C’est sûrement ce qui fait sa force.


À quoi peut-on s'attendre pour le prochain tome ?

À un titre original ! ;)

Sinon on va retrouver Maeve quelque temps après le premier volume, et il se sera passé pas mal de choses… Rage de Dents a lancé les bases pour l’intrigue, et la suite ira dans le vif du sujet. On en apprendra plus sur la prophétie, sur les tenants et les aboutissants, et sur la charmante famille de la demoiselle. On rencontrera de nouveaux personnages hauts en couleur, il y aura pas mal d’action, et un club très spécial dans lequel je rêverais de mettre les pieds… Et bien sûr, on retrouvera Maeve et sa joie de vivre communicative !


Parlons un peu de tes goûts, quels sont tes auteurs préférés ?

Je suis une lectrice de polars à la base, et je n’ai que très récemment étendu mon catalogue. Mais en vrac et dans le désordre, Caleb Carr, Dan Simmons, Patrick Rothfuss… Et j’en oublie des tonnes ! En gros, ceux qui arrivent à créer un univers qui porte leur signature, un monde si réel quand tu as le nez dans leurs lignes que tu t’étonnes en relevant la tête de voir les murs de ta propre chambre, et qu’il te faut un ou deux jours pour récupérer du jetlag. C’est le cas pour ces trois auteurs, comme pour d’autres. Mais si ce sont ceux qui me sont venus à l’esprit, c’est parce qu’en plus, ils ont su créer des personnages inoubliables, qui existent bien au-delà du livre qui les a fait naître.


La bit-lit reste un genre anglo-saxon, peu de francophones ayant, pour l'instant, publié dans ce genre. Qu'en penses-tu ?

Que c’est bien dommage ! Mais bon, soyons réalistes. La bitlit on en parle depuis quoi ? Trois ans ? Moi-même, j’ignorais ce que c’était avant qu’on me dise que j’en avais écrit, donc laissons le temps au temps. Les lecteurs ont découvert, aimé, et de plus en plus de francophones s’y essayent, mais ça ne va pas se faire en un clin d’œil. Côté auteurs il faut produire, côté éditeurs il faut oser, et je peux comprendre qu’ils préfèrent ne pas se mouiller. La bitlit anglo-saxonne est une valeur sûre, les textes sont travaillés, très bien léchés, et on sait déjà si ça a plu. Là, si on me met un bouquin de Patricia Briggs et celui d’une Josette Dupont, je choisis le Briggs sans même jeter un coup d’œil au résumé du Dupont. C’est injuste, mais c’est vrai. D’ici quelques années, quand on aura eu de la bitlit de qualité version Josette Dupont, je prendrai certainement le temps de regarder la 4ème de couv avant de faire mon achat. Mais la lectrice que je suis préfère faire se fier à ces valeurs sûres tant que la production francophone n’aura pas fait ses preuves, même si je me tire dans le pied en tant qu’auteur. Mais je suis confiante à ce sujet. Il y a plein de jeunes auteurs qui font du très bon travail, et quand on aura notre place, on l’aura amplement méritée.


As-tu d'autres projets d'écriture ?

Trop ! J’ai dû me procurer une pensine pour être un peu tranquille…

J’ai une imagination très fertile, et il se passe rarement un jour sans que j’aie une nouvelle idée. Après il faut trier entre ce qui est intéressant, ce qui ne l’est pas franchement mais qui n’est pas à jeter, ce qui peut être directement rangé aux oubliettes, ou ajouté dans un autre projet… Mais en démêlant le tout, à côté de Maeve, je bosse sur une série bitlit et sur un roman Fantasy. J’essaie de ne pas trop me disperser, mais ce n’est pas évident. Maeve prend énormément de place dans ma vie actuellement, et elle est assez jalouse et possessive pour ne pas me laisser beaucoup de temps à côté…


Un dernier mot ?

Concupiscence. Ça sonne bien !
Merci beaucoup pour cette interview. Et à bientôt pour votre prochain détartrage ;)